HISTOIRE & CULTURE MAJORQUE – BALÉARES
La richesse historique et culturelle de Majorque est, par sa diversité d'influences, très étonnante.
Sur toute l'île de Majorque, vous pourrez visiter de nombreux vestiges du passé rappelant les nombreuses civilisations disparues qui ont chacune participé à la constitution d’un patrimoine culturel et historique des plus riches...
La présence humaine à Majorque remonte à la préhistoire. On a retrouvé des tombes et des traces d'habitats datant du Néolithique, soit 6.000 à 4.000 ans avant Jésus-Christ.
L'île fut occupée par les Carthaginois avant d'être conquise en l'an 123 avant J.-C. par Quintus Caecilius Metellus – qui reçut le surnom de "Balearicus" - et de passer sous l'autorité de Rome. La période romaine fut favorable et vit la fondation de Pollentia (Alcúdia) et Palmaria (Palma de Majorque). L'économie reposait sur la culture de l'olivier, de la vigne et sur la production de sel.
Les Vandales mirent les Iles Baléares à sac en 425 ou 426 et les annexèrent à leur royaume en 465. En 534, à l'occasion de l'effort de reconquête de l'empire romain d'occident par Justinien, le général Bélisaire regagna l'archipel pour le compte de Byzance. Pendant la période de domination byzantine, le Christianisme y fut florissant et de nombreuses églises furent construites.
Cependant, à partir de 707 commencèrent des raids maritimes menés par les Maures à partir des côtes d'Afrique du Nord. Ces attaques se poursuivirent jusqu'à ce que, finalement, en l'an 903, Majorque tombe sous la domination de l'émir Omeyyade d'Espagne. Selon les chroniques de l'époque, le château d’Alaró fut le dernier bastion tenu par les chrétiens. Sous la domination musulmane, une civilisation brillante se développa et fit de Palma de Majorque, devenue « Madina Mayurqa » un centre culturel important. L'île connut une période de grande prospérité. Les Mahométans développèrent l'agriculture irriguée et l'artisanat local. Lors de la décomposition du Califat de Cordoue en 1015, Majorque releva tout d'abord du royaume de Denia avant de devenir, entre 1087 et 1114 un des nombreux royaumes dits "Taifas".
En 1114, à la suite d'actes de piraterie menés à partir de Majorque contre les navires chrétiens en Méditerranée, une armée coalisée de Pisans et de Catalans débarqua à Majorque, mit le siège devant Palma pendant huit mois, prirent la ville et la saccagèrent. Mais, pendant l'absence de Raimond-Bérenger III de Barcelone, les Pisans s'enfuirent lorsqu’apparurent des secours envoyés par les Almoravides d’Afrique du Nord. Ceux-ci gouvernèrent jusqu'en 1203, alors remplacés par les Almohades jusqu'en 1229.
En 1208, les Almohades nommèrent gouverneur un certain Abú Yahya qui se comporta de façon quasiment indépendante, reconnaissant toutefois une soumission de pure forme à l'émirat central almohade.
Les actes de piraterie avaient repris ce qui détermina les cités commerçantes de Barcelone et Tarragone à solliciter l'aide du roi d'Aragon Jacques Ier. En décembre 1228, il fut décidé qu'elles mettraient à disposition les vaisseaux nécessaires à une expédition, les chevaliers catalans (les plus nombreux) et aragonais devant recevoir en paiement de leurs services le butin et les territoires à conquérir sur l'ennemi. Ainsi fut fait : l'expédition, comprenant 15.000 hommes et 1.500 chevaux partit de Salou, débarqua à Santa Ponsa et défit l'armée musulmane à la bataille de Porto Pi le 13 septembre 1229.
En décembre, Palma fut prise et ses habitants passés au fil de l'épée. Le grand nombre de cadavres eut d'ailleurs pour conséquence de provoquer une épidémie qui décima l'armée des vainqueurs. En outre les disputes au sujet de la répartition du butin semèrent la zizanie dans les troupes des conquérants. Mais l'île fut soumise en quelques mois, seule une petite poche de résistance subsista jusqu'en 1232 dans la Sierra de Tramuntana. La population musulmane s'était enfuie vers l'Afrique ou fut réduite en esclavage. Elle fut remplacée par une immigration essentiellement d'origine catalane.
Le missionnaire majorquin Ramon Llul naquit à Majorque au XIIIème siècle, il fut écrivain (tous ses livres furent écrits en catalan), alchimiste, philosophe et théologien. Il devint précepteur de l’Infant Jacques, futur roi de Majorque puis son sénéchal. Il est à l´origine de l´acceptation du catalan dans la littérature et la pensée. Il est enterré dans l´église Sant Francesc de Palma de Majorque. Dans son testament, Jacques le Conquérant avait prévu de diviser ses domaines par la création du royaume de Majorque, vassal du royaume d'Aragon et comprenant les Iles Baléares, le Roussillon, la Cerdagne, la Seigneurie de Montpellier, la Vicomté de Carladès et la Baronnie d'Omelas.
A sa mort, son fils Jacques prit le nom de Jacques II de Majorque et assuma le pouvoir dans le cadre d'une charte dite "Carta de las Franquicias".
L'existence de ce royaume fut de courte durée, car les souverains d’Aragon parvinrent à en reprendre possession en 1349 : la mort de Jacques III de Majorque à la bataille de Llucmajor contre son cousin Pierre IV d'Aragon marque la fin du royaume. Cependant, et jusqu’à sa mort en 1404 sa fille Isabelle réfugiée en France au château de Gallargues, près de Montpellier, qui lui avait été cédé par le roi Charles VI, continua à revendiquer le titre de reine de Majorque. L´île de Majorque partagea ensuite le sort du royaume d’Aragon, intégré plus tard dans le royaume d’Espagne.
En 1715, le roi Felipe V abolit les institutions insulaires et interdit par décret l’usage du catalan, langue dont les diverses variantes locales étaient utilisées depuis sept siècles aux Iles Baléares.
Depuis la restauration de la démocratie en Espagne en 1977, la langue et les symboles d’identité des Iles Baléares ont pu être récupérés. Grâce à l´application du Statut d’Autonomie de 1983, les Iles Baléares possèdent à nouveau leur propre gouvernement et chaque île dispose de ses propres instruments de gestion et d’administration : les conseils insulaires.